Synthèse d'article scientifique produite par la Fondation Descartes de :
Mukerjee, S., Jaidka, K., & Lelkes, Y. (2020). The Ideological Landscape of Twitter: Comparing the Production versus Consumption of Information on the Platform.
Cet article revient sur deux questions qui font l’objet d’une grande préoccupation au sujet du réseau social Twitter : la formation de chambres d’écho 1 [echo chamber], d’une part, et la fragmentation idéologique de ce réseau social, d’autre part. Les auteurs de cet article soutiennent qu’il n’est en réalité pas sûr que Twitter conduise à ces deux conséquences négatives. Ils estiment en effet que les études précédentes ayant montré l'existence de chambre d’écho et d’une forte fragmentation idéologique sur Twitter se sont essentiellement concentrées sur l’analyse de petites populations d’utilisateurs, souvent intéressés par la politique – des populations qui ne reflètent pas la diversité réelle des utilisateurs de ce réseau social. Par ailleurs, toujours selon les auteurs de cette recherche, la plupart des études existantes se sont focalisées sur le contenu de tweets politiques, sans se préoccuper suffisamment de l’importance qu’ont ou non les sujets politiques sur Twitter.
Dans ce contexte, le présent article poursuit les deux principaux objectifs suivants :
Les auteurs observent que seuls 10% des leaders d’opinion de leur échantillon sont des femmes ou des hommes politiques, alors que 44% d’entre eux appartiennent au monde du divertissement. Par ailleurs, la plupart des tweets sont diffusés par des comptes non partisans. Il est donc difficile de parler de polarisation de Twitter dans son ensemble puisque la prise de position idéologique ne concerne qu’une faible part des utilisateurs. Enfin, la majorité des utilisateurs ne consomme pas un contenu idéologiquement homogène. En revanche, il existe bel et bien un groupe d’utilisateurs et de leaders d’opinions fortement interconnectés et peu ouverts sur l'extérieur. Ce groupe, qui constitue donc une chambre d’écho, est celui des conservateurs américains.
Les auteurs concluent qu’analyser la manière dont les Américains ordinaires suivent les leaders d’opinion sur Twitter ne soutient pas l’idée, pourtant répandue, selon laquelle les utilisateurs de ce réseau social s’y enfermeraient systématiquement dans des chambres d’écho, ni que Twitter participerait à la fragmentation idéologique et à la polarisation des opinions.