Vidéo d’un chat qui saute en voyant un concombre, blague sur l’actualité, dénonciation d’une injustice : nous avons tous conscience de vivre dans une culture de la viralité, où le succès se mesure à la vitesse de la propagation. Et nous pensons tous que c’est une marque de notre modernité, que ce sont les réseaux sociaux qui ont transformé les modalités de diffusion des idées. Les auteurs, tous spécialistes de l’histoire de la presse, nous prouvent ici qu’il n’en est rien : au XIXe siècle, le « copier-coller » régnait déjà dans la presse ; une histoire bien troussée, même fausse, pouvait être reproduite à des centaines d’occasions à travers les continents, comme une bonne histoire sur Facebook ; le bon mot d’un écrivain réapparaissait un peu partout, comme un tweet populaire ; légendes urbaines, fake news, rumeurs, circulaient de journaux en journaux ; des réclames publicitaires mystérieuses s’étalaient sur les murs, pour faire le buzz comme on dit aujourd’hui.