La « crise de conscience » de la presse américaine s’est accentuée au cours de l’année 2005 avec l’affaire « Judith Miller », du nom de cette journaliste du New York Times emprisonnée pendant quelques mois à la suite de son refus de révéler ses sources dans l’affaire « Plame » (Valérie Plame, agent de la CIA, épouse d’un ambassadeur hostile à l’Administration Bush). Déjà critiquée pour son suivisme officiel lors de la guerre en Iraq, la presse américaine a mis énormément de temps avant d’enquêter sur les accusations de tortures perpétrées dans les prisons américaines en Iraq et en Afghanistan. Depuis quelques années, face à ces défaillances, des journalistes s’organisent, à contre-courant de l’infotainment et du conformisme ambiant, pour défendre l’excellence et l’intérêt public ; jusqu’ici cantonné dans des cercles « radicaux », le mouvement pour la réforme des médias sort de sa marginalité et rejoint ceux qui, au sein de la profession, s’inquiètent de l’évolution des médias et de l’impact sur la vie démocratique.