Un plateau de homard ou bien un gilet jaune, un costume de candidat ou un tweet de président américain : on choisit la visibilité ou bien on la subit, mais on n'y échappe guère.
Désir d'être vu et besoin de voir, expression personnelle au vu et au su de tous, ou encore transparence : la visibilité est une tyrannie dont les ressorts sont au fond de nous et les outils au bout de nos doigts.
Tyrannie cruelle quand elle implique la chute, mais si douce quand elle signifie une élection, au sens religieux du terme, d'un individu ou d'un groupe, pour laquelle ils auront lutté.
Le culte de la visibilité construit une relation nouvelle à l'autorité, à la réalité et à la vérité, avec ses impasses et dangers. Elle transforme notre imaginaire, nos rapports sociaux et, partant, le statut du politique, plus vulnérable que jamais.
Cette injonction, il convient d'en comprendre le caractère puissant, mais aussi d'en faire la critique, afin d'y résister peut-être un peu, du moins d'en déjouer quelques pièges...