Visit our InstagramVisit our TwitterVisit our LinkedIn
Promouvoir l’exigence d’une information sincère pour une démocratie basée sur la confiance
Soutenir la fondation
Fondation Descartes

La Fondation Descartes est une initiative citoyenne, apartisane, indépendante et européenne dédiée aux enjeux de l’information, de la désinformation et du débat public dans une société démocratique.

Fonctionnement et gouvernances

La Fondation Descartes est animée par trois organes : un Conseil d’Administration présidé par Jean-Philippe Hecketsweiler ; un Conseil Scientifique encadré par Gérald Bronner et d’une équipe permanente, dirigée par Laurent Cordonier, Directeur de la recherche.

Nous contacter

Vous souhaitez contacter l’équipe permanente de la Fondation Descartes ?

Nos études

La Fondation Descartes est une initiative citoyenne, apartisane, indépendante et européenne dédiée aux enjeux de l’information, de la désinformation et du débat public dans une société démocratique.

Nos analyses

La Fondation Descartes est animée par trois organes : un Conseil d’Administration présidé par Jean-Philippe Hecketsweiler ; un Conseil Scientifique encadré par Gérald Bronner et d’une équipe permanente, dirigée par Laurent Cordonier, Directeur de la recherche.

Blog des experts

Vous souhaitez contacter l’équipe permanente de la Fondation Descartes ?

Nos colloques

La Fondation Descartes est une initiative citoyenne, apartisane, indépendante et européenne dédiée aux enjeux de l’information, de la désinformation et du débat public dans une société démocratique.

Nos partenariats

La Fondation Descartes est animée par trois organes : un Conseil d’Administration présidé par Jean-Philippe Hecketsweiler ; un Conseil Scientifique encadré par Gérald Bronner et d’une équipe permanente, dirigée par Laurent Cordonier, Directeur de la recherche.

Nos podcasts

Vous souhaitez contacter l’équipe permanente de la Fondation Descartes ?

Acteurs

La Fondation Descartes est une initiative citoyenne, apartisane, indépendante et européenne dédiée aux enjeux de l’information, de la désinformation et du débat public dans une société démocratique.

Initiatives

La Fondation Descartes est une initiative citoyenne, apartisane, indépendante et européenne dédiée aux enjeux de l’information, de la désinformation et du débat public dans une société démocratique.

Outils

La Fondation Descartes est animée par trois organes : un Conseil d’Administration présidé par Jean-Philippe Hecketsweiler ; un Conseil Scientifique encadré par Gérald Bronner et d’une équipe permanente, dirigée par Laurent Cordonier, Directeur de la recherche.

Références/ressources

Vous souhaitez contacter l’équipe permanente de la Fondation Descartes ?

Inscrivez-vous à la newsletter

Lutte contre la désinformation : la volte-face de Meta

Laurent Cordonier
Un article de la Fondation Descartes pour comprendre les conséquences de la suppression du programme de vérification des informations de Meta.

Mardi 7 janvier dernier, le groupe Meta, maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, a annoncé que son programme de vérification des informations allait être supprimé aux États-Unis. L’Europe va-t-elle suivre ? Et quelles seront les conséquences de ce revirement ? 

Par Laurent Cordonier, directeur de la recherche de la Fondation Descartes, Paris 

Publié le 14 janvier 2025 

Le « programme de vérification des informations » créé il y a une dizaine d’années par le groupe Facebook – renommé Meta en 2021 – vise à lutter contre la désinformation sur les réseaux sociaux de la compagnie. Il s’appuie sur des partenariats rémunérés avec des médias indépendants disposant d’un service de vérification des faits (fact-checking). Les médias partenaires examinent des publications signalées par les utilisateurs ou détectées par les algorithmes de Meta. Lorsqu’un contenu est jugé faux ou trompeur par un média partenaire, Meta lui associe une étiquette d’avertissement qui renvoie vers l’article de vérification du média. Meta affirme de plus réduire la diffusion sur les pages de ses réseaux sociaux des contenus ainsi épinglés. 

Soulignons que les médias partenaires du programme ne participent pas à la modération des contenus sur les réseaux sociaux de Meta. En effet, ils ne retirent aucun contenu ou compte des applications concernées. Cette tâche incombe aux équipes de modération du groupe, sur la base des « standards de la communauté » établis par Meta afin de définir ce qui y est autorisé ou non. 

À sa création, ce programme de vérification des informations constituait une initiative encourageante. En l’instaurant, Facebook semblait en effet reconnaître, premièrement, que les réseaux sociaux jouent un rôle dans la désinformation du public et, deuxièmement, qu’il revient aux plateformes numériques de contribuer financièrement aux mesures visant à rétablir les faits, via la rémunération du travail journalistique de fact-checking

Comment donc comprendre l’annonce par Meta le 7 janvier 2025 de la suppression de ce programme aux États-Unis et de se son remplacement par un système de notes de la communauté, ouvertement calqué sur celui du réseau social X (ex-Twitter) d’Elon Musk ? 

Les raisons du revirement 

Dans une vidéo postée sur le site de Meta, son directeur et co-fondateur Mark Zuckerberg expose les motifs qui l’auraient poussé à ce revirement. Selon lui, le programme de vérification des informations, tout comme le fonctionnement actuel du système de modération des contenus sur les réseaux sociaux de Meta, nuiraient à la liberté d’expression des utilisateurs. Zuckerberg accuse en particulier les médias partenaires états-uniens d’être biaisés idéologiquement dans leur travail de vérification des faits et de participer à la censure de certains points de vue. On comprend sans peine dans les propos du directeur de Meta que le biais idéologique en question serait un biais « progressiste » opposé à la ligne politique incarnée par le président élu Donald Trump. 

Parmi les mesures annoncées par Zuckerberg visant, selon lui, à restaurer la liberté d’expression sur les réseaux sociaux de Meta figurent donc la suppression du programme de vérification des faits et se son remplacement par un système de notes de la communauté, mais aussi un recalibrage des algorithmes de modération, pour les rendre plus permissifs, et une réduction du périmètre des contenus interdits. 

La politique européenne attaquée 

Si Meta a indiqué au journal Le Monde que la suppression de son programme de vérification des faits ne s’appliquerait pas « au moins dans un premier temps » à l’Europe, le vieux continent n’est pas pour autant épargné par la rhétorique de Zuckerberg. Ce dernier affirme en effet dans sa vidéo du 7 janvier que « L’Europe compte un nombre croissant de lois qui institutionnalisent la censure et rendent difficile la construction de quoi que ce soit d’innovant ». 

Zuckerberg cible à n’en pas douter le Digital Services Act (DSA, 2023), le règlement européen qui fixe un ensemble d’obligations aux grands acteurs du numérique en matière de lutte contre la diffusion de contenus illicites ou préjudiciables, dont les fausses informations. C’est d’ailleurs probablement ce même règlement qui retient provisoirement Meta de supprimer son programme de vérification des faits en Europe. En effet, le système de notes de la communauté qui devrait le remplacer fait actuellement l’objet d’une investigation de la part de la Commission européenne dans le cadre d’une procédure formelle à l’encontre de X au titre du DSA

Le système de notes de la communauté de X permet à des utilisateurs volontaires, dits « contributeurs », de proposer des annotations visant à fournir un contexte ou des clarifications à des contenus publiés sur le réseau social. Lorsque ces notes sont jugées « utiles » par un nombre suffisant de contributeurs, elles apparaissent sous les contenus concernés. Tous les utilisateurs du réseau social peuvent alors voter pour évaluer leur pertinence. 

Dans sa procédure à l’encontre de X, la Commission européenne doit notamment déterminer si ce système permet de lutter efficacement « contre la manipulation de l’information sur la plateforme », tel que l’exige le DSA. La conclusion à laquelle aboutira la Commission pourrait donc influencer la décision de Meta d’étendre ou non à l’Europe la suppression de son programme de vérification des faits pour le remplacer par un tel système de notes. 

Sans attendre la conclusion de la Commission, Zuckerberg a déjà annoncé dans sa vidéo qu’il allait « travailler avec le Président Trump pour faire reculer les gouvernements du monde entier qui s’en prennent aux entreprises américaines et font pression pour censurer davantage ». La menace n’est donc pas voilée, pas plus que la déclaration d’allégeance de Zuckerberg au Président élu. 

Un populisme informationnel 

Par ses propos, Zuckerberg fait sien le populisme informationnel d’Elon Musk, que ce dernier a résumé en une formule le 10 novembre 2024 dans un tweet déclarant aux utilisateurs de X : « You are the media now ». 

Ce tweet était accompagné d’une vidéo dans laquelle Musk s’en prend aux médias états-uniens quelques jours avant l’élection présidentielle. Après les avoir accusés d’être « de gauche » et d’attaquer le candidat Trump, il déclare : « Quelque chose ne va pas avec la presse. Le journalisme est mort. C’est pourquoi X est l’avenir. Il s’agit d’un journalisme citoyen où vous entendez les gens, c’est par les gens, pour les gens. [...] Il est absolument fondamental et transformateur que les gens puissent décider de l’actualité, du narratif et de ce qui compte. Les médias traditionnels sont essentiellement contrôlés par une poignée de rédacteurs en chef. Ils décident de ce qui sera publié. C’est pourquoi j’encourage vraiment tout le monde à écrire des choses sur X et sur d’autres plateformes également. Mais le journalisme citoyen est l’avenir. » 

Cette conception du « journalisme citoyen » traduit le fantasme d’une information non-médiatisée, d’un accès direct est transparent au réel, qui ne serait plus déformé par le prisme de l’éditorialisation de l’actualité imposée par les médias. C’est oublier que les réseaux sociaux éditorialisent eux aussi l’actualité. Contrairement à l’éditorialisation médiatique, qui suit une ligne généralement connue – quand on lit Le Figaro, on sait qu’on ne lit pas Le Monde, et inversement –, l’éditorialisation de l’actualité sur les réseaux sociaux procède de la logique opaque des algorithmes de recommandation et de personnalisation des contenus. Vous y verrez ce que les algorithmes auront décidé que vous verrez, selon des critères qui vous échappent. 

Pour Musk et désormais Zuckerberg, la vérification des faits doit également être réalisée « par les gens, pour les gens », via le système de notes de la communauté, plutôt que par des médias professionnels accusés de biais idéologiques. Si ce système de notes n’est pas sans intérêt, en quoi garantit-il l’absence de partis pris ? Par ailleurs, les « contributeurs » appelés à rédiger les notes disposent-ils toujours du même temps et de la même capacité d’investigation que les journalistes de fact-checking ? Peuvent-ils être tenus comptables de leurs publications au même titre que ces derniers ? Sont-ils eux aussi censés se conformer à un ensemble de pratiques et de règles déontologiques dans leur travail d’investigation et de rédaction ? Le fait qu’une note soit jugée « utile » par d’autres contributeurs et utilisateurs en assure-t-il la vérité ? 

L’Europe résistera-t-elle ? 

Ces questions n’ont probablement pas grand intérêt pour Musk et Zuckerberg, qui ont trouvé dans le système de notes de la communauté un moyen d’adresser le sujet des fausses informations totalement compatible avec leur populisme informationnel et, surtout, qui ne leur coûte rien. Le programme de vérification des informations de Meta avait ceci de vertueux qu’il faisait reposer sur l’entreprise une partie du coût du fact-checking des fausses informations générées sur ses réseaux sociaux, selon le principe du pollueur payeur. Si ce programme venait à être supprimé en Europe, la plupart des médias n’auront pas la capacité financière de continuer ce travail. 

Il s’agit donc là d’une menace pour l’intégrité de l’information et du débat public. Cette perspective est d’autant plus inquiétante dans le contexte actuel de prolifération d’ingérences informationnelles étrangères ciblant les démocraties libérales, dont la France. Or, comme la Fondation Descartes l’a démontré dans sa dernière étude, les Français qui s’informent fréquemment sur l’actualité internationale via les réseaux sociaux sont, à profil identique, davantage réceptifs que les autres aux récits de puissances étrangères, telles que la Russie ou la Chine, connues pour leurs opérations de manipulation de l’information dans l’environnement numérique national. On peut craindre que l’efficacité de ces attaques informationnelles se renforce si la capacité des médias de procéder à leur travail de vérification des faits se trouve amoindrie. 

Le DSA constitue un rempart dont l’Europe s’est dotée contre de telles évolutions néfastes des réseaux sociaux, qui sont devenus un lieu incontournable du débat démocratique. Mais ce rempart est fragile. Il ne tiendra contre les coups de boutoir qu’à condition que la Commission européenne et les États membres s’engagent activement à sa défense. Pour leur part, les médias européens et français doivent travailler à regagner la confiance perdue d’une partie de la population. Cela ne se fera pas au moyen de déclarations de principe, mais en cherchant en permanence à augmenter leurs standards de rigueur et de transparence dans le traitement de l’information. Leur adhésion à des conseils de déontologie journalistique, tel que le CDJM en France, et leur engagement dans la procédure de labélisation proposée par le Journalism Trust Initiative pourraient probablement les aider dans cette voie. 

Format
PARTAGER L'ARTICLE
Suivre les actualités de la désinformation
S'inscrire à la newsletter
Soutenir nos actions
faire un don
Fonds de dotation pour la création de la Fondation Descartes
8, Avenue du Président Wilson 75116 Paris.
Plus d'informations
Mentions légales
Gestion des cookies
Contactez-nous
Copyright © 2024 - Site réalisé par Monsieurcom
crosschevron-down linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram