Synthèse d'article scientifique produite par la Fondation Descartes de :
Johnson, N. F., Velásquez, N., Restrepo, N. J., Leahy, R., Gabriel, N., El Oud, S., … & Lupu, Y. (2020). The online competition between pro-and anti-vaccination views. Nature, 1-4.
Cet article montre comment s’organisent les discussions autour du thème de la vaccination sur Facebook. Il met en lumière la montée inquiétante du discours anti-vaccins, qui monopolise l’espace de discussion de façon croissante.
Les pages Facebook sont organisées en communautés au sein desquelles les individus partagent du contenu et expriment leurs opinions. Cette étude a analysé les échanges liés à la thématique de la vaccination de près de 100 millions d’individus sur 1329 pages Facebook. Les données récoltées permettent de mieux comprendre les rapports de force sur Facebook à propos de la vaccination.
Les 100 millions d’utilisateurs ont été répartis en trois groupes : (1) les pro-vaccins ; (2) les anti-vaccins ; (3) les indécis. L’étude montre que le groupe des anti-vaccins, bien qu’inférieur en nombre au groupe des pro-vaccins, dispose de plus de pages sur Facebook. Ces pages sont très actives et fortement connectées au groupe des indécis, qui constituent près de 90% de l’ensemble des utilisateurs concernés. Autrement dit, la position pro-vaccins est marginalisée sur Facebook. De plus, les auteurs notent que la position anti-vaccins gagne du terrain et attire de plus en plus d’individus du groupe des indécis. Si la dynamique restait constante, le groupe des anti-vaccins deviendrait plus important que le groupe des pro-vaccins sur Facebook dès 2032 environ. La force des anti-vaccins semble résider dans leur capacité à créer des récits extrêmement variés qui peuvent toucher et convaincre de nombreux indécis. De plus, les pages Facebook des anti-vaccins sont beaucoup plus nombreuses que celles des pro-vaccins. Il est donc difficile d’établir une politique à grande échelle susceptible d’atteindre cette myriade de petites communautés opposées à la vaccination. Les auteurs appellent les plateformes numériques et la communauté de chercheurs à prendre en compte ces données pour établir une stratégie qui permette d’inverser cette tendance à la hausse des récits anti-vaccins.