Synthèse d'article scientifique produite par la Fondation Descartes de :
Soral, W., Liu, J., & Bilewicz, M. (2020). Media of Contempt: Social Media Consumption Predicts Normative Acceptance of Anti-Muslim Hate Speech and Islamoprejudice. International Journal of Conflict and Violence (IJCV), 14(1), 1-13.
Des discours haineux visant des groupes sociaux déterminés circulent abondamment sur les médias sociaux (Facebook, Twitter, etc.) 1. L’objectif de cette étude est d’évaluer si de tels discours de haine influencent la manière dont les internautes perçoivent les groupes qui en font les frais.
Pour le déterminer, les auteurs de l’étude se sont penchés sur le cas de la Pologne, où les discours de haine ciblent particulièrement les populations musulmanes. Au moyen de deux sondages réalisés en 2015 et 2016, les chercheurs ont interrogé un panel de Polonais sur leur perception des musulmans et sur leur utilisation des médias sociaux.
Les résultats de ces sondages montrent que parmi la population interrogée, les individus qui utilisent le plus les médias sociaux sont, en moyenne, les plus tolérants à l’égard des discours de haine ciblant les musulmans. Ils sont aussi ceux qui expriment le plus de préjugés négatifs envers ces derniers.
Les auteurs soutiennent donc que les résultats de leur étude corroborent l’hypothèse selon laquelle les discours de haine en circulation sur les médias sociaux ont un effet sur la manière dont sont perçus les groupes visés. L’omniprésence de ces messages contribuerait à banaliser les préjugés négatifs à leur encontre, ce qui augmenterait l’acceptabilité de ces préjugés.
Les résultats de cette étude restent cependant à confirmer. En effet, s’ils mettent en évidence une corrélation entre exposition potentielle aux discours de haine en ligne et renforcement des préjugés négatifs envers le groupe social visé, ils ne permettent pas d’affirmer de manière assurée qu’il existe un lien causal entre ces deux phénomènes. Des études longitudinales ou expérimentales seraient nécessaires pour parvenir à cette conclusion.